
Le marché mondial du café traverse une zone de turbulences sans précédent. En 2024, les prix du café ont atteint leurs niveaux les plus élevés depuis plus d’une décennie, touchant plusieurs variétés de renom.
Cette flambée spectaculaire s’explique par une addition de facteurs structurels et conjoncturels. En premier lieu, les conditions climatiques extrêmes ont fortement affecté les récoltes dans plusieurs pays producteurs majeurs. Au Brésil, la production a chuté de plus de 10 % en raison de sécheresses sévères, tandis qu’au Vietnam, deuxième producteur mondial, une baisse de 7 % a été enregistrée à cause d’un important déficit hydrique.
À ces perturbations climatiques s’ajoutent les tensions géopolitiques, qui continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement. Le coût du transport maritime a ainsi augmenté de plus de 30 % sur certains axes, rendant la logistique du café plus coûteuse et moins prévisible. La volatilité des marchés financiers a également contribué à la hausse. Les acteurs spéculatifs amplifient les fluctuations des prix et les variations monétaires compliquent les importations dans de nombreux pays. Sur le terrain, les répercussions sont concrètes. Les coûts d’approvisionnement en café brut ont bondi de 25 à 40 % selon les origines, obligeant de nombreuses entreprises de torréfaction à revoir leur stratégie.
Pour les consommateurs, cela se traduit déjà par une augmentation moyenne de 15 à 20% des prix de vente dans les commerces de détail. La consommation mondiale, qui avait dépassé les 170 millions de sacs ces dernières années, montre des signes de ralentissement dans certaines régions sensibles aux hausses des prix. Par ailleurs, les producteurs — en particulier les petites exploitations en Afrique et en Amérique latine — peinent à couvrir leurs coûts de production, accentuant les risques de décrochage économique et social dans ces zones.
Face à cette crise, plusieurs leviers sont à l’étude : diversification agricole, adoption de pratiques agricoles plus résilientes, amélioration des outils de couverture des prix et promotion de filières plus équitables. Mais les réponses restent inégales et souvent limitées face à l’ampleur des déséquilibres. L’année 2024 s’impose ainsi comme un tournant pour le café, révélant les vulnérabilités d’une filière mondiale à la fois stratégique et fragilisée par les aléas climatiques, économiques et géopolitiques.